Cinq ans de projets majeurs au Centre de réadaptation Marie Enfant

sous le signe de l’adaptation au changement et du renforcement de l’expertise

Les projets majeurs portés au sein du Centre de réadaptation Marie Enfant (Marie Enfant) ces cinq dernières années ont été particulièrement touchés par le contexte de la pandémie et de la pénurie de main-d’œuvre qui s’en est suivie. Ce qui était une situation exceptionnelle est devenue une nouvelle réalité, amenant avec elle de multiples défis. Heureusement, les équipes ont su faire preuve d’une grande capacité d’adaptation. Dans cet article, vous pourrez donc découvrir comment l’engagement des professionnel(le)s a permis de prendre en main des situations complexes et d’y trouver des solutions créatives. Le Comité exécutif de MUSCO a d’ailleurs accepté de maintenir certains de ces projets au-delà de la date limite de complétion de l’été 2023 initialement prévue, afin de laisser le temps aux changements de prendre forme.

Faire preuve d’adaptabilité face aux changements constants

Les restrictions sanitaires en lien avec la COVID-19 ont fait en sorte que certains des projets n’ont pas pris le chemin envisagé initialement, comme ça a été le cas pour le projet Foyer de collaboration. Ce dernier devait permettre de réunir au sein du Technopôle des patient(e)s et leur famille, mais aussi des collaborateurs de tous horizons (cliniciens, chercheurs, organismes communautaires, professionnel(le)s de l’industrie, etc.)  pour participer conjointement à l’amélioration des soins et des services offerts. Un(e) gestionnaire de partenariat devait être recruté(e) pour animer ces échanges, mais la recherche du profil nécessaire pour mobiliser l’ensemble des expertises s’est avérée complexe. La solution a été de réduire le mandat et de l’orienter davantage vers la coordination d’un volet clinique-recherche.

Un choix qui s’est avéré judicieux : une personne ressource a finalement pu être recrutée et a permis de :

  • Développer 40 projets d’innovations sociales et technologiques reposant sur les besoins et l’expertise du patient ;
  • De mettre en place des partenariats avec le milieu communautaire et l’industrie ;
  • D’identifier 29 autres projets pour de futurs développements

Ce projet majeur porté par Marie Enfant en est d’ailleurs un qui s’est terminé cette année dans le cadre de l’Initiative. Par la suite, les coûts salariaux de la personne ressource vont être pris en charge par l’établissement et la formalisation de la nouvelle orientation du projet sera mise en place avec l’objectif ultime de pouvoir faire bénéficier les jeunes et leur famille de ses retombées. 

Quand la recherche, la clinique et les partenaires externes prennent le temps de s’asseoir ensemble, les projets innovants qui en découlent ont un maximum d’impact sur la qualité de vie des enfants. Coordonner ces efforts demande persévérance, ouverture et agilité. Or, ce travail de maillage est essentiel, car c’est en interdisciplinarité qu’on peut résoudre les problèmes les plus complexes.

Isabelle Marcoux, agente de programmation et de planification de recherche

Tisser des liens avec le milieu communautaire

Un autre des projets majeurs de l’Initiative déployés à Marie Enfant a dû s’adapter, celui des Liens avec le milieu communautaire. Ici encore, la pandémie a changé la donne puisque le projet prévoyait initialement d’accueillir des sessions d’informations et de formations organisées par des organismes communautaires au sein d’un local physique. Avec la COVID-19, l’accès à ce local est devenu impossible et bon nombre de personnes ont commencé à collaborer et à rechercher de l’information de manière virtuelle. Mais là encore, le projet n’a pas été abandonné et une réflexion de fond sur la meilleure façon de collaborer pour le milieu institutionnel et communautaire a permis de trouver une autre voie :

À l’issue d’un sondage envoyé aux familles, les besoins exprimés ont permis d’amorcer la réorientation de ce projet pour renforcer les liens entre les organismes communautaires, les professionnel(le)s et les familles pour une meilleure connaissance et compréhension mutuelle; un lien essentiel qui bénéficiera à tous. L’objectif visé à présent est de faire profiter les familles de l’expertise de tout un chacun et de les orienter vers les bonnes ressources aux bons moments de leur trajectoire. 

Mieux prendre en charge les patient(e)s 

Un autre projet qui a émergé après la pandémie et qui se place sous le signe d’une prise en charge plus efficiente est celui du projet de révision du programme amputé et lésions musculosquelettiques de Marie Enfant; l’objectif étant d’améliorer la fluidité de la trajectoire des patient(e)s suivi(e)s. Ce programme rassemble des professionnel(le)s aux profils variés (physiatres, orthopédistes, généticien(e)s, équipes interdisciplinaires en réadaptation), avec une équipe qui a développé une expertise professionnelle au Québec permettant aux jeunes vivant avec des conditions complexes et rares et à leur famille de recevoir des services de pointe. Des enjeux d’augmentation, de complexité des demandes et de ressources limitées ont amené les équipes à réfléchir à ce projet de révision qui a été ajouté au portefeuille de l’Initiative en 2022.

Ainsi, le soutien apporté par MUSCO a permis de recruter trois ressources pour renforcer les équipes de Marie Enfant et initier la révision de cette trajectoire : une coordonnatrice clinique, une ergothérapeute et une physiothérapeute sont depuis juin 2023 dédiées à ce mandat afin de maximiser la prise en charge des patient(e)s et de diminuer le stress des familles.

Le contexte de pénurie de main d’œuvre a grandement ralenti les démarches initiales de recrutement, mais l’équipe va à présent pouvoir délester les professionnel(le)s et réduire les temps d’attente. 

Assurer une expertise de pointe et un rayonnement international

Marie Enfant a vu ses demandes d’intervention croître considérablement sur les dernières années, en nombre et en complexité. C’est dans un tel contexte qu’un autre projet a été proposé pour répondre à la nécessité d’assurer une expertise de pointe et l’avancement des connaissances, notamment en soins surspécialisés. En parallèle, l’ambition est de développer les compétences visées en neuroréadaptation comparables à celles des grands centres américains afin de répondre aux exigences du Ministère. Initialement prévu pour permettre l’acquisition d’équipements pour le Technopôle, le projet majeur Soutenir la recherche-clinique en réadaptation a ainsi évolué vers le recrutement stratégique de plusieurs clinicien(ne)s-chercheur(euse)s en réadaptation. Avec le soutien de divers comités (aviseur et consultatif) créés pour l’occasion, des discussions sur le profil de ces clinicien(ne)s-chercheur(euse)s mais aussi sur le développement stratégique du Technopôle ont été amorcées. Deux cliniciennes-chercheuses ont d’ores et déjà été recrutées et le projet sera maintenu jusqu’au recrutement d’une troisième personne qui complètera ce recrutement stratégique afin de mettre en œuvre les réflexions nécessaires et de développer le positionnement stratégique du Technopôle à l’échelle internationale.

Et pour l’avenir ?

Force est de constater que malgré les embûches et les défis, les collaborateur(trice)s ont su s’adapter et répondre au mieux aux besoins des familles. Les projets majeurs qui n’ont pas encore pu être développés à leur plein potentiel pourront l’être dans les prochains mois. 

Il y a fort à parier que les efforts menés par les équipes se maintiendront pour améliorer les pratiques, collaborer davantage avec les divers intervenant(e)s et développer l’expertise en continue.  

Crédits photo : CHU Sainte-Justine